Aircall, Spendesk, Front… ces scale-ups ont toutes les trois un point en commun : elles sont nées dans le startup studio eFounders. Situé dans le 9ème arrondissement de Paris, ce lieu mythique nous a ouvert ses portes pour découvrir un peu plus son activité NoCode en interne, en compagnie du fondateur de la startup Roundtable (ef21) et du Head of Product d’eFounders.
Focus sur Grégoire Charles, Head of Product d’eFounders.
Avant d’intégrer eFounders, Grégoire a eu plusieurs expériences en Product Management notamment chez talent.io ou Clustree. Depuis 2 ans et demi, Grégoire est le Head of Product chez eFounders. Il travaille notamment sur les phases de co-création Produit mais aussi opérationnelles de delivery sur des projets NoCode.
Le studio eFounders est née il y a maintenant 10 ans, fondé par Quentin Nickmans et Thibaud Elzière. Chez eFounders, pas de véritable playbook de l’entrepreneuriat, mais plus une vision artisanale de la création de scale-ups avec l’ambition de devenir, pour la plupart, de futures licornes leader sur leur verticale métier.
L’équipe Core d’eFounders est notamment composée de profils seniors sur tous les aspects de la création d’entreprise et qui accompagnement les projets pendant leur phase d’amorçage.
Le business model d’eFounders est très particulier car il repose notamment sur les sorties espérées (exits) des startups à succès. Or, le studio dépense plusieurs centaines de milliers d’euros pour accompagner une startup sélectionnée dans sa phase de croissance. Les plus gros succès d’eFounders (Spendesk, Aircall…) financent majoritairement les projets d’aujourd’hui.
A noter qu’une boîte est incorporée chez eFounders qu’une fois les premiers fonds levés.
Parmi les startups accompagnées par eFounders, deux entreprises se distinguent : Collective.work et Roundtable car elles utilisent ou ont utilisé une stratégie NoCode dans leur phase de création. Aujourd’hui, nous rencontrons Julien de la startup Roundtable pour évoquer son parcours et l’utilisation du NoCode dans son entreprise.
Focus sur Julien Fissette, co-fondateur et CPO de Roundtable.
Suite à une expérience de 6 ans en cabinet de conseil dans une équipe spécialisée en data science, Julien a souhaité créer sa société avec Evan Testa, son associé actuellement CEO de Roundtable. Leur idée : démocratiser l’investissement dans les marchés privés. Dans leur phase de recherche de financement, ils se rapprochent du studio eFounders qui, à l’époque, travaille en interne sur un projet similaire, porté par Thibaud Elzière, le fondateur du studio. Aujourd’hui, l’équipe Roundtable bénéficie de tout l’accompagnement Produit, Business, Légal, RH et Support des équipes Core d’eFounders pour faire grandir le projet.
Roundtable est une marketplace visant à démocratiser l’investissement dans les marchés privés ; c’est un réseau social d’investissement.
Le premier axe de valeur de Roundtable consiste à permettre à des business angels de placer leur propre capital et d’inviter leur communauté à co-investir avec eux. Roundtable cherche à pousser l’aspect communautaire via la plateforme.
Le deuxième axe consiste à faciliter la création un véhicule d’investissement commun qui appelle les fonds de tous les co-investisseurs et génère tous les documents contractuels et administratifs.
Depuis le lancement au cours de l’été 2022, il y a eu plus de 30 deals effectués sur la plateforme pour des projets financés entre 25K et 2,5 millions d’euros.
Nous avons discuté des outils et de la vision NoCode du studio eFounders de manière générale, puis du contexte particulier de la startup Roundtable dans un second temps.
Initialement chez eFounders, il n’y avait pas de culture NoCode. Cependant, l’absence de CTO ou d’équipe tech dans certaines équipes projets a incité progressivement la core team à considérer le NoCode.
En effet, lorsqu’il n’y a pas pas encore de CTO dans une équipe projet eFounders (car tous les projets ont vocation a en avoir un), le NoCode est tout indiqué. Par ailleurs, le NoCode se justifie d’autant plus pour des projets de type marketplace où la valeur apportée par l’usage du service n’est pas dépendante de l’UX du produit.
Pour des projets où la valeur du projet réside dans l’expérience utilisateur finale (par exemple la plateforme de project management Kairn), alors le NoCode est plus difficilement envisageable.
Grégoire nuance ses propos en parlant de la technologie Bubble car il place cet outil NoCode à part dans l’écosystème et n’a pas suffisamment d’expérience avec celui-ci.
Ceci dit, la vision du NoCode pour Grégoire a évolué depuis le projet Collective.work car à l’origine, le NoCode était pour lui associé uniquement à des landing pages ou du contenu statique.
Selon lui, afin d’optimiser l’implémentation d’un projet NoCode, il est préférable d’avoir une bonne culture web et des base de données pour pouvoir créer quelque chose de cohérent. Avoir un bagage technique est un accélérateur.
Par ailleurs, les technologies NoCode évoluent vite et la capacité à délivrer des interfaces end-users performantes NoCode très proches des expériences obtenues avec des technologies traditionnelles devrait voir le jour dans les prochaines années selon Grégoire.
Dans le contexte de Roundtable, l’usage du NoCode a été bénéfique pour valider la proposition de valeur du projet le plus vite possible en plus de pallier l’absence de profil technique dans l’équipe initiale. Roundtable est le second projet après Collective.work à avoir utilisé le NoCode chez eFounders. Avec le recul, Julien nous confie que l’usage du NoCode a grandement facilité la phase d’itération du process end-user et des opérations, notamment avec la création du véhicule d’investissement.
Concrètement, le NoCode chez Roundtable a été utilisé pour créer et itérer 2 parties applicatives (front et back-office) :
1. Un onboarding client Webflow a été créé pour présenter le projet et inciter les utilisateurs à remplir et soumettre un Typeform complexe. Make a été également utilisé pour collecter les informations et les dispatcher dans une base de données Airtable pour stocker/trier les informations. Pour fluidifier l’UX, l’outil Stacker a été utilisé pour créer un panel administrateur davantage personnalisé. Cela a permis aux équipes Roundtable de suivre rapidement et facilement les allocations et les dossiers dans la phase de lancement. La V1 a été créé en une dizaine de jours, avec des phases itératives en fonction des retours terrains. Ce premier use-case a été développé dans l’objectif d’être repris par une approche code après le lancement.
2. Après avoir collecté les engagements d’investissement dans le front-office, il faut générer et créer le véhicule d’investissement dans la partie back-office. La conséquence directe est le temps significatif requis afin de remplir les papiers contractuels et les documentations (status, PV d’AG, pacte d’actionnaire…). L’équipe Roundtable a standardisé cette partie par la création de templates de statuts validés par le marché et a utilisé le NoCode pour automatiser le remplissage de ces documents. Pour ces papiers, c’est aujourd’hui 400 variables qui sont auto-générées via Airtable. Sans outil NoCode il faudrait passer une quinzaine d’heures pour le remplissage d’un dossier. Avec le NoCode, cela se génère en 15 secondes. Ainsi, cette automatisation permet aux équipes de Roundtable de gagner un temps significatif dans la création administrative des véhicules d’investissement et limiter drastiquement les erreurs humaines. A ce jour, les automatisations n’ont pas vocation à être remplacées par le code.
Selon Grégoire, la difficulté principale dans la mise en place de cette infrastructure NoCode a notamment été de connecter tous les outils entre eux, certains étant plus ou moins compatibles.
Historiquement, le NoCode chez eFounders était réservé à un usage interne pour les startups (dans le cadre de l’automatisation des opérations) ou la création de MVP jetables dans une vocation à reprendre les développements avec une approche traditionnelle. Cela s’explique notamment par le fait que le succès de beaucoup de produits SaaS eFounders dépendent d’une expérience UX/UI très évoluée peu compatible avec un développement NoCode. Cela dit, selon Grégoire, ce raisonnement n’est plus forcément valable avec des technologies comme Bubble sans compter les évolutions de performances très rapides des technologies NoCode en général. Le studio est donc en veille régulière afin de suivre les évolutions des outils.
Une future licorne d’eFounders sera-t-elle un jour créée exclusivement avec des technologies NoCode ?
Aussi, de plus en plus de use-cases Sales et Marketing apparaissent dans les startups d’eFounders et pour lesquels l’approche NoCode apporte des solutions concrètes et rapides (par exemple un Webflow connecté avec un Hubspot).
Quant à Julien et sa vision long terme du NoCode chez Roundtable, il pense sortir un jour du NoCode si le produit gagne en complexité et en variables d’automatisations car celui-ci sera de plus en plus complexe à tester. Avant tout, sa vision consiste à utiliser le NoCode pour tester rapidement des idées avec l’ambition derrière de tout ramener sur du code, pour de nouveaux produits ou des nouvelles fonctionnalités.
“Le NoCode c’est pas la finalité, c’est plus le moyen” selon Julien. C’est un moyen idéal pour tester des opportunités. Julien souhaite conserver une culture de l’expérimentation par le NoCode dans sa phase de scaling.
Merci encore à Grégoire d’eFounders et Julien de la startup Roundtable pour nous avoir partagé leur retour d’expérience sur le NoCode. Des use-cases passionnants qui démontrent l’intérêt du NoCode dans une phase de lancement de produit innovant tout comme la capacité de scaler ses opérations avec des outils d’automatisation.